ACTE I – NAISSANCE
Tout commença une nuit d'hiver. Enfin, le processus avait été enclenché neuf moi plus tôt, mais nous ne sommes pas là pour parler des débats amoureux de Monsieur et Madame Pinkman. C'est donc au beau milieu de la nuit, après moult effort, que cet enfant si attendu vint au monde. Pour la plus grande joie de sa mère qui ne supportait plus d'être une grosse vache incapable de bouger et la marionnette de ses hormones en ébullition. D'ailleurs, c'est dans les bras de madame que fut déposé l'enfant.
« C'est une fille, félicitations madame!
-Si c'est une fille, qu'elle est cette chose entre ses jambes ?
-Ah ben j'me suis trompé, c'est un garçon en fait.»
Et ce ne fut que le commencement.
ACTE II – ENFANCE
L'enfant fut déposé sur le parvis d'une église, enveloppé dans une serviette, une petite gourmette où son nom était gravé autour de son poignet:
Hippolyte Malween Pinkman.
Les moines de l'abbaye de Saint-Ange-de-Perpette-les-Oies furent surprit de découvrir le petit garçon devant chez eux, au petit matin. Dans leur grande bonté, ils décidèrent de le garder avec eux et de l'élever, le temps de retrouver les parents de l'adorable bambin. Sauf que ces derniers avaient changé de noms et de continent.
Hippolyte a donc passé toute son enfance dans ce monastère exclusivement masculin, chaque instant étant rythmé par les sons des cloches et les prières quotidiennes. La bibliothèque était son endroit préféré, elle regorgeait de livre plus intéressants les uns que les autres qu'il dévorait sans s'en lasser. Il avait soif de connaissance. Une soif intarissable.
Il se sentait bien, il avait une grande famille. Mais au fond de lui, une petite voix lui murmurait qu'il n'était pas à sa place.
ACTE III – ADOLESCENCE
C'est à l'adolescence, aux alentours de son quinzième anniversaire, que la vie d'Hippolyte bascula. C'est à cette époque qu'il entra dans l'adolescence. Bonjour les poils au menton et la voix qui déraille. Mais la chose la plus étrange qui arriva à notre jeune ami, fut sa métamorphose en femme.
Il avait toujours été un peu tête en l'air, à s'inventer des amis imaginaires, des histoires de capes et d'épées et à se déguiser en héros, en paysan ou en princesse. Surtout en princesse.
C'est normal, pour un enfant, se disait l'abbé.
Ça passera avec le temps. Sauf que cette sale manie ne s'en alla jamais. Comme si quelque chose au fond de lui essayait de s'exprimer.
C'est un petit matin d'automne que la jeune fille se réveilla. Sans trop savoir où elle était, elle se balada en petite tenue dans le monastère jusqu'à ce que deux moines osent l'approcher pour lui demander qui elle était et ce qu'elle faisait là. Elle se présenta:
Hippolyte Malween Pinkman et montra même sa gourmette. Elle avait un petit air de l'autre Hippolyte, c'est vrai. Avec deux jolis arguments en plus.
Les moines, pensant qu'elle était l'enfant du malin ou quelque chose du genre, la renvoyèrent hors de l'abbaye. Un peu à contrecoeur, certes. Car elle était jolie.
ACTE IV – LE RESTE DE SON EXISTENCE
Le reste de la vie d'Hippolyte ne fut qu'errance, il n'avait pas de but, elle non plus. Il aurait voulu être chimiste, elle voulait être tueuse à gage. Alternant de personnalité aussi souvent qu'ils changeaient de chaussettes, ils furent rapidement considérés comme des transformistes, des schizophrènes ou autre malade mental. Alors qu'au fond, tout allait bien dans leur tête.
Puis un jour, ô miracle, vint cette petite annonce ultra sollenelle d'un directeur d'école magique ou je ne sais pas quoi. Étant assez doué avec les potions, Hippolyte se dit que c'était la chance de sa vie et qu'il allait pouvoir transmettre son savoir à des jeunes aussi passionnés que lui ou presque!
Il n'a aucun diplôme de professeur, ni aucun diplôme tout court en fait, mais c'est pas grave! Le directeur avait l'air tellement désespéré qu'il accepterait bien n'importe qui, non ?
Sinon, il aurait postulé en tant que psychologue. Et ça aurait pu être très drôle. Pour Hippolyte, pas pour les élèves.